« Je suis, à cette heure, le dernier homme âgé survivant de ce chaos. Les enfants, et peut-être d’autres encore, prendront le relais, porteront de nouveaux espoirs. L’homme, qui fut jadis le maître de la planète, de la terre, de la mer et du ciel à la découverte de nouvelles planètes, de la Lune, de Mars, de Saturne, qui inventa l’intelligence artificielle, qui collecta des milliards de données, qui fut un sur­homme, cet homme est retourné à son primitif état de sauvagerie et cherche la vie le long des cours d’eau. Nous sommes redescendus très bas, désespérément bas. Si seulement un groupe d’hommes de science, de physiciens, de chimistes avait survécu ! Quelle aide précieuse ils nous apporteraient ! Mais il en était autrement, ici bas, et de la science nous avons tout oublié. Je m’appuie sur Mathias pour remettre en route cet embryon de civilisation. Il commence à travailler le fer. Il veut construire une forge que nous utiliserons plus tard. Il s’intéresse à l’art des métaux et à la mécanique. Le traité de mécanique en deux volumes ne lui sera pas d’un grand secours car il est trop technique et s’adresse à des ingénieurs ou à des spécialistes de haut niveau. Mais Mat possède une vive intelligence pratique. Il apprend vite, assimile tout à une vitesse vertigineuse. Je me suis souvent posé la question de l’égalité des enfants à la naissance, face au monde qui nous entoure. J’entrevois bien des écarts, des différences entre ces quatre gamins dont l’avenir dépendra des possibles nouvelles rencontres et des découvertes. Il est temps de bâtir un monde nouveau comme nos prédécesseurs. Bâtir cette maison en rondins avant l’arrivée de l’hiver… »

Les enfants perdus du troisième monde